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Éléments remarquables

Chapelle de Marlenberg

Selon la légende, Marlenheim aurait possédé dès le VIe siècle un sanctuaire marial dans une grotte située à flanc de coteau, en rapport avec les rois mérovingiens qui ont rendu célèbre le bourg. Un élément d’histoire locale vient renforcer quelque peu la tradition orale : dans son Histoire des Francs, l’évêque Grégoire de Tours mentionne en 590 l’oratorium domus Marilegensis, un lieu de culte rattaché à la villa des souverains d’Austrasie. Cependant, la logique commande de localiser ce sanctuaire dans la plaine, là où devait se trouver la villa royale, plutôt que sur le Marlenberg.

Une deuxième légende est attachée au site. Au début du XIVe siècle, trois frères originaires du lieu auraient été pris dans une violente tempête en haute mer. Leur vie étant mise en péril, ils auraient promis à la Vierge douloureuse et aux quatorze saints auxiliaires de leur édifier, s’ils étaient sauvés, une véritable chapelle à l’emplacement de la grotte. C’est ce lieu de culte qui aurait été ruiné lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648).

En 1673, dans un contexte de Contre-Réforme, David Rapp, bourgeois de Marlenheim, fait dresser une croix sur le site de l’actuelle chapelle. Ce n’est que le prélude à une reconstruction de l’édifice, qui débute le 21 mars 1683, sous l’égide de Bartholomé Sieger, curé de Kirchheim, Marlenheim et Odratzheim1. Le 25 août suivant, l’édifice est consacré à la Vierge douloureuse, à saint Joseph, sainte Anne et saint Antoine de Padoue.

Le premier curé de Marlenheim, Ignace Klein, procède en 1772 à l’agrandissement de l’édifice vers le sud. A cette occasion, le sentier montant vers la chapelle est doté, en remplacement de reposoirs, d’un chemin de croix.

En 1799, la municipalité sauve la chapelle de la démolition en prétendant qu’il ne s’agissait que d’une maison de garde champêtre. Une dernière menace de destruction est écartée par un décret impérial de 1813.

Au cours de son histoire, la chapelle se signale comme un but de pèlerinage consacré à la Vierge douloureuse, à l’Invention1 et l’Exaltation2 de la Croix et aux saints auxiliaires, ces trois fêtes expliquant le vocable de l’édifice : « chapelle de la Croix, de la Vierge douloureuse et des quatorze Saints auxiliaires ».

Le chemin de croix

Le chemin de croix du Marlenberg est un des plus beaux du XVIIIe siècle en Alsace. Financé par de riches vignerons du village, il est formé de sept stations composées d’un édicule de grès rose, et se termine par le Christ en croix accroché contre la façade de la chapelle.

Les sept édicules sont sensiblement identiques. Ils abritent chacun un bas-relief polychrome accompagné d’un commentaire inscrit dans un médaillon. On notera toutefois une différence apparaissant sur les deux derniers édicules, lesquels se terminent non par un arc en accolade, mais par un cartouche surmontant deux têtes d’angelot.

 Église Sainte Richarde

L’église Sainte-Richarde est édifiée sur une butte surplombant le village qui s’est construit autour d’elle en cercles concentriques. L’intérêt du site a été très tôt remarqué puisqu’il est occupé au moins depuis l’époque gallo-romaine ; on y a en effet découvert en 1892, sous la maison près du clocher, une stèle funéraire du début du IVe siècle représentant un couple de paysans.

Durant le haut Moyen Âge, les rois mérovingiens d’Austrasie possédaient à Marlenheim une résidence qui contrôlait un vaste ensemble de domaines royaux. Grégoire de Tours, dans son Histoire des Francs, mentionne la présence en 590 d’un oratoire royal à Marlenheim1. Ce lieu de culte, qui serait le plus ancien sanctuaire rural d’Alsace, a pu se dresser à l’emplacement de l’église actuelle, sans que l’on sache s’il s’agissait d’une chapelle à usage exclusivement royal ou bien d’un lieu de culte accessible aux habitants du lieu.

On ne connaît ni la date de construction ni la silhouette de l’église médiévale. On sait cependant qu’elle fut précocement entourée d’un enclos qui n’était à l’origine qu’un Friedhof2, les habitants ne pouvant enterrer leurs morts qu’à l’église-mère de Kirchheim3 dont ils dépendaient. Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que, le relâchement de l’autorité de l’église-mère aidant, le Friedhof put devenir un véritable cimetière.

En 1716, l’ancienne nef qui menaçait ruine fut reconstruite. L’aspect de l’édifice après cette première campagne de travaux nous est connu par un dessin (voir ci-après) montrant le clocher à côté du chœur, ainsi que par un relevé de 1823 (voir plan joint). La tour remontait peut-être à l’époque romane, du moins pour sa partie inférieure qui était voûtée.

En 1822, le cimetière, encore installé autour de l’église, est transféré au nord du village, ce qui permet l’agrandissement de l’édifice jugé trop exigu. Entre 1823 et 1825, sur les plans de l’architecte du département François Reiner, la nef est rehaussée et allongée, un chœur plus vaste élevé tandis qu’un nouveau clocher hors-œuvre prend place contre le pignon occidental. On notera la similitude qui existe entre le toit de la nouvelle tour et la couverture de la chapelle (1683-1772) située sur la colline ; manifestement, le maître d’œuvre s’en est inspiré. Ces divers ajouts de style néo-classique ont donné à l’édifice son aspect actuel.

Sainte Richarde

Née vers 840, Richarde était la fille du duc d’Alsace Erchangar. Elle épousa en 862 le futur Charles III le gros (arrière-petit-fils de Charlemagne) qui fut roi de Germanie de 882 à 887, roi de France de 884 à 887 et empereur de 881 à 887. En tant qu’impératrice, Richarde séjourna dans la résidence de Marlenheim-Kirchheim.

Selon la tradition, c’est là qu’elle aurait été soumise, en 887, à l’épreuve du feu (jugement de Dieu par les éléments naturels, consistant ici à marcher sur des charbons ardents) après avoir été accusée d’infidélité. Ayant franchi l’épreuve avec succès, Richarde fut reconnue innocente puis se retira dans l’abbaye d’Andlau qu’elle avait fondée en 880, où elle mourut entre 894 et 896. Richarde fut canonisée par le pape alsacien Léon IX en 1049.

Vieux bourg

Dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours rapporte qu’en 589, un complot contre le roi d’Austrasie Childebert II fut déjoué dans sa résidence de Marilegio villa, et que l’un des conspirateurs, Droctulf, fut condamné à cultiver une vigne : Marlenheim et le vignoble alsacien entraient dans l’histoire. Le domaine royal passa ensuite aux Carolingiens et devint un Reichsgut1 à la faveur du rétablissement de l’empire par Otton Ier en 962.

En 1276, la seigneurie territoriale de Marlenheim réapparaît lorsqu’elle est hypothéquée par le roi de Germanie Rodolphe Ier. Les mises en gage se succèdent et le village est partagé entre plusieurs seigneurs, dont le comte palatin Etienne, qui construit en 1430 un château fort au sud de la commune.

L’abbaye d’Andlau possède également des droits dans le village à partir de 880, mais elle les engage en 1495 à l’abbaye de Haslach qui est alors déjà possessionnée à Marlenheim. Les engagements successifs permettent à la ville de Strasbourg d’acquérir la seigneurie de Marlenheim, qui lui appartient définitivement en 1672, et ce jusqu’à la Révolution.

Le site de l’église a très tôt été entouré d’un fossé et d’un enclos servant aux villageois de réduit défensif. Au XIVe siècle, on signale la présence de quatre portes de pierre reliées par une enceinte, en fait une simple palissade précédée d’un fossé.

Marlenheim subit les exactions des Anglais en 1375. En 1444, le château d’Etienne est pris par les Armagnacs, puis repris et détruit par les Strasbourgeois. Epargné par les Suédois du général Horn pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), le bourg sert de refuge aux villageois des environs. En 1674, durant la guerre de Hollande, le maréchal de Turenne et ses troupes campent à Marlenheim avant la bataille de Turckheim. En 1680, le bailliage de Marlenheim est soumis à l’autorité de Louis XIV.

Sentier viticole – Le Vignoble de Marlenheim

Le vignoble de Marlenheim, porte de la Route des Vins, vous accueille. Célèbre dès le VIème siècle, alors que la commune abritait un palais royal mérovingien, il couvre 132 hectares plantés pour une part importante en Pinot Noir qui fait sa renommée.

Orientés plein sud, les coteaux du Marlenberg profitent d’un ensoleillement exceptionnel et de sols argilo-calcaires caractéristiques des collines sous-vosgiennes de notre région, apportant aux différents crus une excellente qualité.

Divers lieux-dits font sa renommée :

“Steinklotz” – “Weingaessel” – “Kreutzacker” – “Bei der Kapelle”.

Lors de votre promenade, vous admirerez le splendide panorama de la Plaine d’Alsace avec à l’horizon, la Cathédrale de Strasbourg.

Recommandation : Durée de marche, 1 H. 30 environ. Suivre le balisage du sentier viticole.

Respectez la nature et le travail des viticulteurs.

L’accès au vignoble est interdit chaque année un mois avant les vendanges.