Histoire
Habité dès la Préhistoire, le site de Marlenheim est cité pour la première fois dans l’Historia Francorum de Grégoire de Tours, qui raconte le complot ourdi au palais de Marilegio villa par Frédégonde et Droctulf contre Childebert II. S’il ne reste pas de vestiges matériels de cette période, il n’en demeure pas moins que c’est dans ce texte que figure la première mention de la culture de la vigne en Alsace, Droctulf étant condamné aux travaux forcés dans le vignoble de la résidence royale mérovingienne. Les Carolingiens séjourneront également ici, et – selon la légende – Richarde, patronne de l’église paroissiale, y subira l’épreuve du feu afin de prouver son innocence face aux accusations d’adultère de son mari l’empereur Charles le Gros.
Le vieux bourg conserve une physionomie héritée de l’ancien camp romain des premiers siècles de notre ère : un axe central presque rectiligne (la rue du Général de Gaulle), coupé à angle droit (rue de la Mairie), avec un lieu de culte sur un promontoire central, sans doute fortifié au Moyen-Age (rue du Pétrin), et un réseau routier en “arêtes de poisson”, qui donne une certaine cohérence urbaine à ce qui ne fût longtemps qu’un gros village. Le hameau du Kronthal, le long de la Mossig (rivière sur laquelle étaient installés plusieurs moulins), est célèbre pour avoir donné son nom à la porte de Cronenbourg à Strasbourg (les pierres d’une forteresse dominant le vallon furent employées pour la construction du rempart donnant sur ce faubourg), et davantage encore pour ses carrières de grès, exploitées pour la construction de la cathédrale.
Devenu, après de nombreuses péripéties (notamment une destruction par les Armagnacs en 1444), “bailliage extérieur” de la ville libre de Strasbourg par le traité de Haguenau en 1604, Marlenheim reste fidèle au catholicisme (contrairement à son seigneur) pendant la Réforme, puis durant la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Pendant la guerre de Hollande, Turenne campe dans la commune (1674), réunie à la Couronne de France en 1680 (le lys “argent sur sable” est confirmé comme blason par l’Armorial en 1700). En 1842, l’évêque Mgr Le Pappe de Trévern meurt au château, alors centre de formation théologique (Petite Sorbonne) du diocèse. En 1864, la construction de la voie ferrée (ligne Molsheim –Saverne) marque le passage à l’ère industrielle.
De ces temps mouvementés, Marlenheim conserve un riche patrimoine architectural : maisons à tourelle Renaissance, demeures bourgeoises cossues, fermes prospères, hôtel de ville et château (ancien siège du bailliage) du XVIIIe siècle, chapelle et chemin de croix.
Il convient aussi de noter la réputation viticole de la commune, dont le “Rouge” (Màrlemer Roter) est remarqué par le géographe Merian dans sa Topographia Alsatiae. Ceci lui valut en 1953 d’être choisi comme Porte de la Route des Vins d’Alsace, inaugurée par Pierre Pflimlin, alors ministre des Finances et ami personnel du maire Rodolphe Klein.